Pour Lura
Il est des chansons...
Avez-vous entendu
la chanson mélodieuse que chanta
par un soir
nulle voix harmonieuse d'aucun pays
et qui berça jusqu'à l'aube
l'homme-aux-rêves-d'argent
penché sur le fleuve sans nom ?
Flavien Ranaivo, L'ombre et le vent
Oui, je l'ai entendue, la chanson mélodieuse, ici et là, et là-bas.
J'ai bien-sûr cru qu'elle était de sirène.
J'ai aussi cru qu'elle n'était que le vent. Le vent qui souffle et éteint la flamme, le vent qui souffle et rallume les braises.
J'ai encore cru qu'elle était souvenir, berceuse chantée par une femme aimante, autrefois, où ? quand ? qui ?
Donc, je l'ai entendue. Penchée sur la Seine, penchée sur le fleuve sans nom... penchée. Regardant les longs rubans de lumière danser dans l'eau.
Fallait-il vivre le poème ?
Sensation
Par les soirs bleus d'été, j'irai par les sentiers
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds
Je laisserai le vent baigner ma tête nue
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien
Mais l'amour infini me montera dans l'âme
et j'irai loin, très loin, comme un bohémien
Par la nature, heureux, comme avec une femme.
Arthur Rimbaud